REPLAY : Débat des élections départementales 2021 en Gironde : quels sont les enjeux ?

Dans une Gironde bien ancrée à gauche, peu de changements sont attendus. Mais il faudra surveiller les scores du RN notamment dans le Médoc et le Nord Gironde qui traduiront peut-être le malaise et la contestation de la ruralité portés par le mouvement des gilets jaunes. Débat ce soir sur France 3 

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Suspens ou pas ? Ces élections départementales ne devraient pas beaucoup modifier le rapport de forces actuelles, mais les changements reflèteront des votes qui prennent racine dans le paysage politique girondin, durablement.
Quel sera la progression du RN ? Les Verts vont-ils confirmer leur poussée et les scores obtenus lors des élections municipales ? Comment la droite et le centre sortiront de ces élections marquées par leur mésalliance ?

Le département de la Gironde compte 33 cantons : 22 à gauche soit 44 sièges, 10 à droite soit 22 sièges et 1 au parti de Marine Le Pen, le RN (canton du Nord Médoc) soit deux sièges.

Une gauche bien ancrée

Le parti socialiste et l'union de la gauche ont obtenu 44 sièges lors des dernières élections cantonales en 2005.

Jean-Luc Gleyze a été élu président du conseil général de la Gironde, succédant à l'emblématique socialiste Philippe Madrelle (président du Conseil général de la Gironde de 1976 à 1985 et de 1988 à 2015). Candidat à sa propre succession, Jean-Luc Gleyze n'est pas "un candidat dogmatique" comme il se définit lui-même. 

Trois axes de campagnes : "Prendre soin" et protéger les personnes, les secteurs et les biens communs comme l'eau. Accompagner les territoires pour une Gironde unie et solidaire (projet de création d'une mutuelle départementale, dispositif d'aide aux étudiants précaires). Faire face aux défis environnementaux et sociétaux (biodiversité, alimentation locale, doubler les pistes cyclables). Plus de participation citoyenne.

Je fais le tour des cantons, l'image du bilan du département est assez bonne !

Jean-Luc Gleyze, candidat aux élections départementales

Au cours de son premier mandat, Jean-Luc Gleyze  a poursuivi, tout en se démarquant, la ligne politique de Philippe Madrelle, à savoir la décentralisation, le rééquilibrage des territoires notamment par rapport à la métropole et l'aide à la ruralité.
En cela, il a coupé l'herbe sous le pieds du Rassemblement National dont l'un des axes de campagne est "la désertification de la ruralité et l'ultramétropolisation de la Gironde" autour de Bordeaux, selon les mots d'Edwige Diaz, tête de liste RN aux élections régionales, candidate aux départementales et élue municipale de Saint-Savin de Blaye. "Nous défendons nos territoires, c'est dans l'ADN du département, nous avons toujours été dans la défense des zones rurales et des services publics même dans les coins les plus reculés. Exemple encore récent avec notre vaccibus qui va partout en Gironde", explique Jean-Luc Gleyze.

Favorable au revenu universel, Jean-Luc Gleyze a aussi renforcé au mois de mai un dispositif d'allocations pour les étudiants, une sorte de revenu de base pour les jeunes de 18 à 26 ans touchés par la précarité et la crise sanitaire. Le président sortant et ses candidats ont fait campagne sur ces thèmes. Malgré le départ d'élus socialistes historiques comme Jean-Marie Darmian sur le canton de Créon ou de Guy Moreno dans le canton de l'Entre-deux-mers, le PS devrait conserver sa majorité au conseil général. Une attention particulière est portée sur les cantons de Bordeaux dont trois sur cinq sont à gauche.

Sur le canton Bordeaux 1, Matthieu Rouveyre, ancien opposant pugnace d'Alain Juppé, quitte la vie politique. Sur le canton Bordeaux 5, l'élue Emmanuelle Ajon est décédée brutalement à l'automne dernier et l'historique Jacques Respaud ne se représente pas. "Nous avons de nouvelles figures notamment des candidats jeunes, un tiers est issu de la société civile. Nous avons donc un renouvellement très fort des équipes, des nouvelles têtes tout en poursuivant notre cap", insiste Jean-Luc Gleyze qui est régulièrement taclé par ses opposants sur la question de l'alternance.

Rappel des résultats des élections départementales de 2015 en Gironde

Ce qui a donné en nombre de sièges >  

 

Alliance avec les Verts dans de nombreux cantons

Concernant une alliance à gauche avec les Verts, il n'y a pas d'accord global PS – EELV. "Nous avons un accord qui sera probablement partiel, c'est-à-dire qui portera sur un certain nombre de cantons", expliquait le président sortant il y a quelques semaines.
Depuis le lancement officiel de la campagne en Gironde, Europe Écologie-Les Verts présente 39 candidats en autonomie ou avec des candidats des partis partenaires d’EELV (le Parti socialiste, Génération.s, Génération Écologie, La France insoumise).
"En outre, face au risque populiste, EELV Gironde a décidé d’apporter son entier soutien aux candidats de La Gironde en commun, majorité départementale, sur les cantons du Nord-Médoc et de Nord-Gironde. EELV Gironde soutient également la majorité départementale sur le canton de Portes-du-Médoc, qui présente comme candidate une élue municipale proche d’EELV, ainsi que sur tous les cantons de Bordeaux, en cohérence avec le rassemblement des forces écologistes et de gauche réussi par Pierre Hurmic", précise le parti écolo dans un communiqué du 2 juin.

Les élections des 20 et 27 juin sont l’occasion de renforcer la présence des écologistes au sein de l’assemblée départementale pour la victoire du rassemblement des forces écologistes et de gauche.

Europe Ecologie Les Verts de Gironde

La tendance est plutôt à l'alliance et Jean-Luc Gleyze qui a une fibre environnementale importante, c'est même un des axes de sa campagne, s'en réjouit.
Les Verts se présentent sous leur étiquette dans les cantons où aucun accord n'a été trouvé, c'est le cas pour Mérignac 1 et Talence. Jean-Luc Gleyze insiste sur le fait que malgré tout "l'alliance est plutôt de mise" dans de nombreux cantons entre les Verts et la gauche. 

En revanche, pour les élections régionales, c'est la stratégie inverse. Les Verts font cavaliers seuls. L'écologiste Nicolas Thierry (crédité selon les sondages d'opinion de 9 ou 10 % des voix soit deux fois plus que l'écologiste Françoise Coutant en 2015) a choisi de se présenter comme tête de liste EELV aux élections régionales face au président socialiste sortant Alain Rousset.
Le parti écolo mise sur une vague verte comme aux municipales de 2020 qui ont notamment permis à Pierre Hurmic de remporter la mairie de Bordeaux et d'obtenir un rôle décisif à la Métropole. "Pas sûr que cette stratégie soit payante, les Verts sont trop sûrs d'eux" selon le politologue Jean Petaux qui estime qu'en 2020, il n'y a pas eu "de vague verte mais des succès verts ( dont celui de Pierre Hurmic) et pas de mouvement de fond chez les électeurs". Les stratégies sont donc à géométrie variable à l'échelle de la région ou du département de la Gironde.

 

Le RN en embuscade

Pour les élections régionales, les derniers sondages d'opinion place le RN de Marine Le Pen sur le podium des trois meilleurs scores au soir du premier tour. Alain Rousset le président socialiste sortant arrive en première place, suivie de près par Edwige Diaz candidate RN et de Geneviève Darrieussecq (candidate de la Macronie) en troisième position.

Pour les élections départementales, quelle sera la progression du RN ? Edwige Diaz, élue de Saint-Savin et secrétaire départementale du parti est également candidate dans le canton du Nord-Gironde. Dans le Nord-Médoc, le conseiller départementale RN Grégoire de Fournas fait équipe avec Chloé Chagniat et le binôme entend bien conforter l'ancrage du parti de Marine Le Pen dans cette partie de la Gironde, en améliorant les scores.

Nous sommes sur une dynamique et nous pouvons espérer gagner de nouveaux électeurs. Notre objectif est de former un groupe fort au département.

Grégoire de Fournas, candidat RN et chef de file pour les élections départementales en Gironde -

"Nous comptons gagner deux nouveaux cantons pour former un groupe au département qui pourra davantage peser sur les décisions. Notre objectif est tout à fait réaliste", explique Grégoire de Fournas qui avait remporté le canton du Nord-Médoc en 2015, seul canton RN dans l'ouest de la France. "Et puis, nous rassurons les électeurs, depuis mon élection en 2015, la foudre ne s'est pas abbatue sur le canton. Les subventions n'ont pas baissé comme ce que nos adversaires avaient prédit à l'époque. Si nous sommes élus, nous serons des élus actifs et assidus, en phase avec les besoins du canton", affirme le candidat RN dont l'un des axes de campagne est le "désenclavement de la ruralité" et l'amélioration du réseau routier avec la modernisation de
la RD1215 avec construction de 2X2 voies et déviation de Listrac.

"Il faudra analyser les scores à la loupe", commente Jean Petaux, "pas seulement se contenter des résultats en pourcentage, mais comparer le nombre de voix obtenues en 2021 par rapport à 2015". Selon le politologue, l'abstention est le meilleur allié du RN car il "booste les pourcentages mais cela ne veut pas forcément dire que le parti d'extrême droite a gagné des électeurs. Cela dit, les points suplémentaires obtenus par le RN devront être pris très au sérieux."

En attendant, les candidats font campagne sur le "déséquilibre" des territoires avec "l'ultramétropolisation de Bordeaux trop riche et trop gâtée" par les politiques locales.
L'insécurité et l'immigration (notamment sur les centres d'accueil de mineurs non accompagnés migrants) sont toujours des axes forts aussi du discours.
Un discours qui prend peu à peu racine du côté de Libourne, Saint-André de Cubzac ou Castillon-la-Bataille, terres de contestation et premiers fiefs des gilets jaunes, où les mots du RN portent. 
La candidate Edwige Diaz laboure le terrain et fait une campagane de proximité dans le secteur. Edwige Diaz explique que "voter pour elle, c'est déjà voter Marine Le Pen" en vue de 2022. 
"Il ne faut pas se tromper d'élection ni tromper les électeurs", commente Jean-Luc Gleyze. "L'insécurité et l'immigration ne sont pas des prérogatives du département, mais celles de l'Etat, et les propos du RN sont des propos populistes qui simplifient et caricatures la vérité pour pénétrer l'esprit des citoyens."

 

 

Pas d'alliance entre LREM et la droite républicaine

En Gironde, LR et LREM font bande à part. La Droite n'as pas souhaité d'alliance avec le parti du président Macron. Et inversement. Le groupe "Gironde avenir"créé en 2015 a souhaité garder son nom et sa composition qui se veut déjà une union politique de la droite et du centre avec le Modem, une alliance traditionnelle en Gironde. 
Pas un souci pour la cheffe de file LREM Christelle Dubos. L'ancienne secrétaire d'état est la tête de liste de la majorité présidentielle aux élections départementales et candidate dans le canton de Créon . "Nous avons 26 binômes et six candidats que nous soutenons dans le département, en fonction du risque de la montée du RN dans certains cantons". Christelle Dubos a rassemblé des candidats du centre gauche à la droite et veut proposer plus de services de proximité.
Son objectif c'est l'alternance. LREM fait aussi campagne sur "la fracture territoriale" qui cause une différence de prise en charge entre Bordeaux et la ruralité. "Pas assez de services publics dans le reste du département, trop de sièges concentrés à Bordeaux qui compliquent les démarches du quotidien pour les personnes handicapées, par exemple", explique Christelle Dubos qui voudrait plus de services de proximité. "Il faut aller plus vers les citoyens, se déplacer".

Sur le créonais, "le RN est un danger à ne pas sous-estimer car il a une base électorale".

Alliance avec le Modem ? Elle n'a pas fait alliance avec le Modem, une alliance qui est traditionnellement de mise en Gironde notamment à Bordeaux. Et aujourd'hui, c'est plutôt même le divorce.
Dans une interview donnée à Sud-Ouest Fabien Robert, le président du Modem 33, a estimé que son parti "n'a pas été respecté par la cheffe de file de LREM". "J'ai le soutien de Geneviève Darrieussecq (tête de liste Modem-LREM aux élections régionales ), et pour moi, le fait que Fabien Robert ne souhaite pas d'alliance avec le LREM c'est un non sujet, c'est juste une question de personne", estime Christelle Dubos. 

A Bordeaux, LREM a des binômes sous l'étiquette du parti à Bordeaux 1, et Bordeaux 3 et Bordeaux 4 et 5, et soutient le binôme Divers droite Dessertine Dufranc à Bordeaux 2.

Selon Jean Petaux, "la Gironde est une terre de centre gauche où le PS est bien implanté et où le parti de Macron a peu de chance de gagner. D'autant que l'absence d'alliance entre LREM et le Modem, ou même avec LR, traduit un effondrement de la droite du gouvernement qui n'a pas de stratégie homogène".

Nous sommes un jeune parti (LREM) et nous n'avons rien à perdre mais tout à gagner puisque nous n'avons pas de conseillers départementaux.

Christelle Dubos, tête de liste LREM en Gironde


Droite et Modem ensemble

Côté Gironde avenir, et son porte-voix, Jacques Breillat, maire de Castillon-la-Bataille, on se réjouit d'avoir "rassemblé" droite et les centristes du Modem, "avec le Modem, nous avons l'habitude de travailler ensemble". Mais pas de République en Marche car "nous sommes adversaires au niveau national".
Et pourtant localement, les deux partis chassent sur les mêmes terres électorales. Avec des profils semblables. Le chef de fille affiche clairement son combat contre le Rassemblement National. "Il n'y aura aucune forme de rapprochement avec le RN, aucune ambiguité", affirme Jacques Breillat. Tout comme la liste LREM, il se mobilise avec ses co-équipiers pour proposer l'alternance à l'équipe socialiste. "Après 33 ans aux commandes du départementement, c'est difficle de se renouveller", commente Jacques Breillat. Il cible notamment les écologistes en dénonçant leur dogmatisme "Les écologistes, ils sont devenus leur propre caricature " a-t-il récemment argumenté chez nos confrères de France Bleu.

Il faut que ce département change de majorité. L'alternance serait bienvenue !

Jacques Breillat (LR), tête de liste Gironde Avenir

Lors de cette semaine qui précède le premier tour des élections, le tête de liste de Gironde Avenir, fait campagne sur le fait "qu'il faut aller voter, ce n'est pas acquis". Et il fait aussi "beaucoup de pédagogie car le fait qu'il y ait deux élections ( régionales et départementales ) le même jour, cela ne facilite pas la lisibilité pour les électeurs".

Les partis politiques redoutent l'abstention dont le risque est fort pour ces élections des 20 et 27 juin. A droite et au centre, la multiplicité des listes de candidats du même bord (Gironde avenir, Changer d'Air, Agir) pourrait concourir à perdre les électeurs et à les dissuader de voter. 

►Les élections départementales ont remplacé les élections cantonales et les conseillers généraux sont devenus les conseillers départementaux. Les conseils départementaux sont intégralement renouvelés à chaque scrutin, tous les six ans, selon un mode de scrutin binominal majoritaire. Il faut 12,5 % des inscrits pour se maintenir au second tour.

Le département en quelques chiffres > 

Débat sur France 3 > 

Débat ce mercredi 16 juin avec :

. Jean-Luc GLEYZE : Président sortant P.S.

. Jacques BREILLAT : L.R Maire de Castillon La Bataille, Conseiller départemental sortant

. Christelle DUBOS : Député LREM , Ex secrétaire d’Etat auprès du ministre des solidarités et de la santé

. Grégoire DE FOURNAS : Conseiller départemental R.N. sortant

. Emma CARVALHO : LFI

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